Article proposé et rédigé par le groupe de volontaires prODDige « les Singes Verts »

Haïti est un pays qui souffre beaucoup de ce qu’on appelle l’insécurité alimentaire avec un Etat qui ne prend pas en charge l’agriculture et l’alimentation du pays. En effet, il existe encore, en Haïti, des zones géographiques où l’on ne trouve rien à manger, marquant une répartition alimentaire inégale sur l’ensemble du territoire.

De plus, la croissance démographique, l’évolution des habitudes alimentaires et l’importation d’aliments essentiels transformés ont un impact direct sur la demande alimentaire en Haïti. A cela s’ajoutent les changements climatiques et leur impact négatif sur la productivité agricole haïtienne telle que : sécheresse, déchets, inondations, perte de terre, déforestation, précipitations… qui limitent fortement la capacité du pays à augmenter sa production, assurer sa sécurité alimentaire et nutritionnelle, éradiquer la pauvreté et de développer de façon plus durable.

« Quand je fais mes courses, je vais dans des marchés en plein air. J’achète des aliments importés car ils sont moins chers que les aliments locaux : par exemple, je prends du riz, des haricots, du maïs moulu, de la viande de poulet. Je n’achète du riz d’Haïti que pour les occasions spéciales. Pour les légumes, j’achète des légumes d’Haïti : comme le chou, les aubergines, les carottes. » explique Eva, volontaire haïtienne, actuellement en service civique en France et membre des Singes Verts.

« En Haïti, le riz que nous consommons provient principalement des Etats-Unis, cela engendre beaucoup d’émissions de CO2. Le riz haïtien est plus cher, et donc, moins accessible pour la population locale. Les autres produits alimentaires viennent surtout de la République Dominicaine et sont en général chimiques et cancérigènes tels que : les saucisses, les sauces de tomates provenant de grandes industries, les hot-dogs et le poulet qui est très apprécié pour les haïtiens. La nourriture importée est emballée, ce qui génère des déchets dans la rue car les gens n’ont pas de conscience écologique. »

« Ainsi, à la campagne, certaines personnes dans une situation de précarité sont obligées de couper des arbres, d’en faire du charbon et de le vendre au marché pour gagner de l’argent et se nourrir. De plus en plus de personnes utilisent cette technique pour vivre, ce qui engendre la déforestation du territoire et la sécheresse des terres agricoles. L’année 2018 a été particulièrement marquée par une dégradation de la situation économique, ayant sévèrement impacté l’agriculture et le pouvoir d’achat des ménages haïtiens, surtout les plus pauvres et ceux ayant des femmes comme chefs de ménage. » précise-t-elle.

Cause de l’insécurité alimentaire en Haïti

La principale cause d’insécurité en Haïti est donc le manque de moyens financiers pour couvrir les dépenses alimentaires avec la hausse du prix des denrées de base, la dépréciation de la gourde par rapport au dollar ou encore le phénomène climatique de sècheresse.

Après avoir mené plusieurs études sur le sujet, de nombreuses ONG (Handicap International, Humanité et inclusion, etc.) ont alerté sur la détérioration de la sécurité alimentaire en Haïti : plus de 3 ,5 millions de personnes ont besoin d’une assistance alimentaire et nutritionnelle en urgence. Dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince, le taux de population se trouvant en situation d’urgence et de crise alimentaire varie entre 15% et 50%. Dans les zones rurales, la sécheresse de 2018, qui s’est prolongée jusqu’au premier semestre 2019, a engendré dans de nombreuses parties du pays une baisse de la production agricole d’environ 12%. Les milieux ruraux des départements du Nord-ouest, de l’Artibonite, des Nippes et de la Grand’Anse sont parmi les plus touchés, et comptent le plus fort pourcentage de personnes ayant besoin d’assistance immédiate.

 Ainsi, selon la Commission Nationale pour la Sécurité Alimentaire (CNSA), les zones les plus touchées par ce phénomène sont la partie basse du département du Nord-est et les quartiers vulnérables comme la Cité Soleil à Port-au-Prince.

Les Singes Verts
Eva, Benjamin, Floriane, Jordan